samedi 2 août 2014

Une tranche de vie

Sur le chalutier chacun prend ses marques :
en effet, si chacun se connaît pour les chercheurs français, les  deux autres Carla et Gustav sont nouveaux sur les expéditions de la planète revisitée et ces chercheurs n’ont pas nécessairement l’habitude de travailler ensemble. En revanche, ils ont tous une grande habitude de la vie et du travail sur le terrain, ce qui n’est pas mon cas. Tout le monde prend rapidement ses marques  et je dois m’adapter de la manière la plus fluide possible !

Rêveries à l'arrière du chalutier © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
La vie pour moi commence à s’organiser ainsi :
quand le chalut arrive je m’attelle au tamisage de l’ensemble du chalut, en compagnie de Todt, le patron de pêche guyanais et de Cyndie. On se relaie aux différents postes : remplir les tamis, tamiser, remplir les cuvettes de tri dont les chercheurs s’emparent avidement ! Et ensuite, repasser les bailles (les grandes bassines blanches) au tamis de plus en plus fin, jusqu’au  tamis à maille fine (5 ou deux millimètres, suivant les cas). C’est Philippe qui décide si les fractions sont à conserver. Au départ il est très directif pour m’apprendre les bons gestes et le bon regard, Surtout ! Puis, voyant que je commence à apprendre, il me laisse peu à peu pour cet acte, en autonomie, et Cyndie le rejoint dans l’équipe de tri (j’ai trouvé ma place dans l’équipe).  Je deviens peu à peu efficace comme les papous chargés de la même tâche, en Papouasie; mes frères de tamisage !

Philippe m’intronise, bon enfant, membre actif de la religion du tamisage, dont il est le pape !

Le protocole après rodage de l’équipe, d’une arrivée de chalut est le suivant :
 
L’arrivée du chalut © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane    le chalut sur le pont © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
On laisse l’équipe de marins poser le chalut sur le pont en suspension sans intervenir,
Le remplissage des bailles © C Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane
puis on met une ou plusieurs bailles (les grands bacs) dessous et on ouvre la fermeture du filet qui ressemble ainsi à un grand chinois rempli (pour les cuisiniers). On remplit les bailles.

Là MON travail commence ! je passe au tamis grossier, 1cm ce que Todt met dedans, à grands coups de pelle.
Le remplissage du tamis à la pelle © C Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane On fait sauter les patates ! © C Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane
L’idée est d’enlever le sédiment est les débris et toute la petite faune.. les bacs se remplissent, manipulés par Cyndie un à un, il faut secouer le tamis comme si on faisait sauter les patates !
Pendant ce temps, les scientifiques effectuent le tri. Les échinodermes d’un côté, les poissons d l’autre, etc…
Philippe, Laure et Stéphane trient © C Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane
Puis  avec Cyndie et Todt, on filtre de tamis en tamis, les bailles, jusqu’au tamis 2mm…
 
tamiser la boue© C Dupoux-MNHN-PNI / expédition GuyaneCyndie vérifie la propreté du fond de tamis© C Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane
Cette fraction est très souvent mise dans un seau pour décanter, la fraction légère, qui est évacuée de la lourde qui est conservée pour le tri au muséum. Chaque fraction, de tamis en tamis est vérifiée par Philippe qui nous demande parfois de recommencer

Philippe prend la décision © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
La dernière fraction n’est pas triée par les scientifiques sur place mais ensachée dans l’alcool,  et après séchage sera triée par les bénévoles de l’équipe de Philippe.
Pendant ce temps, les scientifiques se sont emparés de leur groupe de prédilection et les préparent et ensachent.
ensachage des échantillons © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
des éponges entrent en collection © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
Pendant que le chalut pêche, c’est temps mort pour l’équipe une fois le tri effectué, sauf pour Carla et Gustav, les spécialistes des groupes des éponges et échinodermes, respectivement, qui commencent la détermination des taxons connus et la découverte de nouvelles espèces,
Carla et gustav au premier plan, Cyndie et Philippe dans le laboratoire humide en arrière plan © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
Ainsi que pour Cyndie et Philippe pour qui le double travail de détermination des mollusques (très rapide grâce à la connaissance  gigantesque de Philippe ) et de préparation pour le barcoding prend du temps.
J’en profite pour commencer mes billets et poser plein de questions aux chercheurs qui patiemment, me répondent. J’essaie cependant de ne pas trop les gêner dans leur travail et leurs moments de décompression.
Chaque  chalut réserve son lot de découvertes, ça me rappelle les « surprises » de mon enfance lointaine, ces cônes de papier qu’on achetait chez l’épicier, 5 francs et qui contenaient bombons et petits cadeaux inédits. (Les bleues pour les garçons, les roses pour les filles…).
Chalut surprise © G Paulay-MNHN-PNI / expédition Guyane
 

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