mercredi 30 juillet 2014

Les présentations

Faisons connaissance avec mes compagnons de voyage. Cyndie, cette jeune femme souriante de 27 ans est gestionnaire de collection (invertébrés marins) au MNHN mais aussi une technicienne confirmée, capable d’effectuer avec rigueur, en conditions de terrain, souvent difficiles les gestes indispensables à la conservation et l’enrichissement des collectes, futurs apports aux collections. Elle a ces derniers temps effectué de nombreuses missions dans le cadre de la planète revisitée en particulier à Madang puis Kavieng, en Papouasie Nouvelle Guinée et y a effectué des tâches de préparation et de conditionnement des échantillons.
 Conus geographus
Cyndie Dupoux au premier soir © Cyndie Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane
Durant cette mission, outre le travail obligatoire de tri des échantillons auquel elle participe comme nous tous, elle prépare dans le laboratoire humide du Hermano Gines, notre chalutier, les spécimens prélevés pour rendre le barcoding possible, en rentrant au Muséum, à Paris.
 Conus geographus
Laboratoire humide du navire © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
Tout comme Lee-Ann Galindo l'a fait pour le Leg 1, elles sont toutes les deux grandes utilisatrices du four à micro-ondes !
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LE four à micro ondes dans le laboratoire humide © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
En effet, comme me l'a expliqué Lee Ann, qui a rédigé un article scientifique à ce sujet, en particulier pour les mollusques gastéropodes pour sortir les animaux de leur coquille le plus facilement sans les endommager, un petit passage au feu des ondes est nécessaire! De plus, il semble que ce procédé stabilise les individus en ce qui concerne la conservation de l'ADN avant leur mise en alcool. Pourquoi et comment? Le mystère reste entier, en effet l’article co-signé par Lee Ann et Philippe Bouchet ne se prononce pas sur le sujet. Un sujet de recherche à venir, peut être….

l'article en question

Cyndie va aussi prélever des tissus des spécimens qu’elle va mettre dans des micro tubes, dans de l’alcool, pour le barcode, toujours.

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Un vrac de mollusque (cône et bivalves) prêt à être traité pour entrer dans les collections © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane

Cette façon de procéder échantillonnage des spécimens récoltés, puis prélèvement de tissus ou mise en alcool de l’animal complet, semble aujourd’hui nécessaire, pour le groupe des mollusques car il faut bien lever les doutes pour la détermination des espèces ! Deux individus morphologiquement identiques peuvent néanmoins appartenir à deux espèces différentes et d’autres, très différents morphologiquement peuvent appartenir au même taxon. Compte-tenu de l’énorme diversité taxonomique du groupe des mollusques cette pratique est indispensable !

mardi 29 juillet 2014

Le premier billet de JC

Premier billet de JC (Jean-Claude Vasseur, Jeune professeur de SVT explorateur pendant ses vacances, académie de Versailles).
JC a participé pour la première fois à une expédition scientifique et il vous propose ses commentaires de terrain sous forme de différents billets.
JC, notre professeur de SVT reporter explorateur © Cyndie Dupoux-MNHN-PNI / expédition Guyane
 A l'aéroport d’Orly ouest, on arrive tôt, 8 heures du matin! Tôt quand on est comme moi un prof en « vacances » ! Normal pour ces chercheurs qui sont aussi de vrais aventuriers auxquels 40 heures de voyage pour rejoindre un hot spot de la biodiversité ne leur fait pas peur (Papouasie Nouvelle Guinée).
Aéroport de Cayenne © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
 Là c’est beaucoup plus relax! « Juste » 9 heures d’avion et aucune escale jusqu'à Cayenne, notre destination, où Alice Leblond (responsable logistique de l’expédition) nous attend. Je retrouve Cyndie Dupoux gestionnaire de collection (invertébrés marins) au MNHN que j'ai déjà rencontrée dans son labo.
Cyndie Dupoux au tamisage © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
 Mais aussi je fait connaissance avec Stéphane Hourdez, un homme aux allures de baroudeur et à la carrure sportive, qui est chercheur et chef d’une équipe à la station de biologie marine de Roscoff. Il est chercheur en écophysiologie dans l’Équipe Écophysiologie Adaptation et Évolution Moléculaires (CNRS - UPMC - INSU).
Stéphane Hourdez à l'aéroport © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
Nous attendons un certain temps dans la salle d'embarquement, mais le temps passe agréablement car on en profite pour faire un peu connaissance... Stéphane m'explique la difficulté ,qui semble récurrente pour un chef d'équipe à gérer les aspects administratifs, indispensable au fonctionnement et en particulier la « pêche » au budget; Il me dit quand même, bon an mal an arriver à dégager le temps nécessaire pour effectuer deux missions de terrain et en particulier celle qui a lieu à Dumont D’Urville, la base antarctique qui prend à elle toute seule deux mois. Il me raconte aussi la difficulté et l'inconfort, sur le vieux navire austral qui assure le transit, « l'Astrolabe » surnommé parfois par les chercheurs le «Gastrolabe»! Cela donne une idée de l'instabilité de ce navire qui traverse les 40 ème et 50 ème rugissants et du mal de mer qui en découle pour ses infortunés passagers.... J’espère que cela sera différent pour nous sur le Hermano Gines! Le chalutier Vénézuélien de recherche, affrété pour l'occasion. Stéphane me rassure en me disant que j'ai bien des « chances » d’être atteint, comme la plupart par le mal de mer. Cool !
Cyndie se prend pour un mérou © JC Vasseur-MNHN-PNI / expédition Guyane
En fait il y a des trucs, que tout baroudeur scientifique ou pas, sait: éviter les les 4 F (Froid, Faim, Fatigue, Foif. Et si tout ça ne marche pas, chacun y va de sa petite molécule active qu'on se procure en France ou à l'étranger. Cyndie ajoute à cette panoplie une touche de fantaisie avec des lunettes à positionner par-dessus ses yeux....ou ses lunettes de vue et qui lui confère un look étrange, quelque part entre un poisson des grands fonds et un clown à lunettes (pas le poisson!) mais elle nous assure que cela fonctionne! On va bien voir, dans trois heures, maintenant, le compte à rebours est commencé, on va embarquer. Il y a, en plus, de grandes chances que nous commencions le travail dès notre arrivée car le Leg1 a été amputé de plusieurs jours pour des questions logistiques. Les chercheurs sont impatients et enthousiastes! Moi juste inquiet, pour l'instant: mais dans quelle galère de professionnels ultra compétents me suis-je embarqué? Merci Thierry (correspondant pédagogique permanent) !